L'intrigue de "Tout le bleu du ciel" se termine de manière poignante avec la mort d'Émile. Il est incinéré, et son urne est déposée dans un caveau, marquant la fin de son voyage avec Joanne. Cette dernière, qui a accompagné Émile tout au long de sa quête existentielle dans ses derniers mois de vie, se trouve profondément affectée par sa disparition. Elle se recueille devant la plaque funéraire d'Émile et enfouit l’anneau qu’elle lui avait offert. À ce moment, elle est rejointe par Marjorie, la sœur d'Émile, qui lui adresse la parole sous la pluie battante, leur rencontre symbolisant un pont entre la vie d'Émile et la poursuite de la vie après lui.
Tout le bleu du ciel, publié en 2019, est le premier roman de Mélissa Da Costa, une jeune auteure française qui s’est rapidement imposée dans la littérature contemporaine. Ce roman captivant raconte l’histoire d’Émile, un jeune homme de 26 ans condamné par une forme précoce de maladie d'Alzheimer. Refusant de finir ses jours dans une institution médicalisée, il décide de partir pour un voyage en camping-car à travers les Pyrénées, à la recherche d'une fin de vie plus authentique et sereine. Il publie une annonce pour trouver un compagnon de route, et c’est ainsi qu’il fait la rencontre de Joanne, une jeune femme mystérieuse qui va l’accompagner dans cette aventure.
Dès sa parution, Tout le bleu du ciel a touché un vaste public, devenant rapidement un ouvrage à succès. Ce triomphe est en partie dû au talent de Mélissa Da Costa pour traiter avec beaucoup de sensibilité et une profonde émotion des questions délicates qui touchent les lecteurs. Le roman se distingue par son écriture fluide, poétique, mais aussi par sa capacité à créer une véritable immersion dans l'intimité des personnages.
Tout le bleu du ciel s'inscrit dans la tendance actuelle de la littérature qui prône le retour à l’essentiel et l’évasion face à une société en perpétuelle accélération. À travers un voyage dans la nature, loin des impératifs modernes, l'auteur invite à une introspection personnelle et collective.
Ce roman a reçu un accueil enthousiaste, tant du grand public que des critiques. Sa diffusion massive, en particulier grâce au bouche-à-oreille et aux réseaux sociaux, démontre son impact. Il illustre la montée de nouveaux auteurs dans la littérature française contemporaine, avec une sensibilité particulière pour les histoires intimistes qui touchent à des problématiques humaines universelles.
Le livre fait partie d'une nouvelle tendance dans la littérature française, qui s'intéresse de plus en plus aux questions existentielles et aux histoires de vie marquées par l’épreuve. Mélissa Da Costa se positionne ainsi comme une figure montante de cette vague d'auteurs qui s’efforcent de redonner une place centrale à l’humain, à ses émotions et à ses expériences.
En mêlant drame et introspection, Da Costa fait partie de ces auteurs qui brouillent les frontières entre la littérature de fiction et les récits inspirants. Son style direct et poétique permet une immersion émotionnelle intense, tout en incitant à une réflexion personnelle sur la vie, la mort et la manière de les aborder.
Mélissa Da Costa, née en 1990 à Saint-Étienne, est une écrivaine française qui s'est imposée comme une voix nouvelle et percutante de la littérature contemporaine. Diplômée en communication et en psychologie, elle a longtemps travaillé dans le domaine du marketing et de la communication avant de se consacrer pleinement à l'écriture. Autodidacte dans le domaine littéraire, elle est rapidement devenue l'une des figures incontournables des romans contemporains français, notamment grâce à son approche sensible des thématiques universels tels que la résilience, le deuil et la quête de soi.
Passionnée par l'écriture depuis toujours, elle a pris la plume pour son premier roman, Tout le bleu du ciel, publié en 2019. Ce livre, autoédité avant d'être repris par une maison d'édition, est un véritable phénomène littéraire. Il a rapidement rencontré un large succès critique et commercial grâce à son approche poignante du sujet de la maladie et de la fin de vie. Aussi, Mélissa Da Costa est connue pour sa plume fine, émouvante et empreinte d'humanité qui touche profondément ses lecteurs.
Depuis, elle a publié plusieurs autres romans, dont Les Lendemains (2020), Je revenais des autres (2021), Tout le bonheur du monde (2022) et Les Douleurs fantômes (2023). Chacun de ses livres explore des thématiques liées à la guérison émotionnelle, à la force des relations humaines et à la beauté des secondes chances, ce qui confère à son œuvre un écho puissant dans le cœur de ses lecteurs.
Mélissa Da Costa fait partie d'une jeune génération d'auteurs français qui s'attachent à décrire les épreuves du quotidien avec une grande sensibilité et une touche d'optimisme. Ses récits, souvent marqués par des voyages intérieurs et extérieurs, invitent les lecteurs à réfléchir sur les fragilités humaines et les possibles réconciliations avec soi-même et les autres.
Bien qu'elle ne fasse pas partie du circuit traditionnel des prix littéraires prestigieux, elle connaît un immense succès en librairie, souvent soutenue par le bouche-à-oreille et une communauté de lecteurs fidèles.
Elle doit son succès à sa capacité à créer une proximité avec son public, notamment grâce à une écriture accessible et des personnages profondément attachants. Elle maîtrise l'art du récit intime, où l'émotion prend une place centrale, tout en évitant le pathos excessif. Cette approche lui permet de se connecter à un lectorat diversifié, des jeunes adultes aux lecteurs plus âgés, et de toucher un large public au-delà des cercles littéraires traditionnels.
En peu de temps, Mélissa Da Costa est devenue une auteure emblématique du "feel-good" français, mais ses livres vont au-delà de ce genre. Ils transcendent les courants littéraires en offrant des récits empreints de réalisme, de profondeur émotionnelle, et de sagesse. Sa capacité à saisir l'essence de l'expérience humaine lui a permis de s'ancrer durablement dans le paysage littéraire français, où elle occupe désormais une place de choix parmi les écrivains les plus lus et les plus appréciés de sa génération.
Émile, 26 ans, condamné par une forme rare et précoce d'Alzheimer, décide de vivre ses derniers moments en réalisant un ultime voyage en camping-car. À la recherche d'un compagnon de route, il publie une annonce énigmatique qui attire l'attention de Joanne, une jeune femme tout aussi désenchantée par la vie. Ensemble, ils embarquent pour une aventure à travers les montagnes, en quête de réconfort et d'un dernier souffle de liberté.
Joanne, une jeune femme de 29 ans, répond à l'annonce d'Émile sans poser de questions. Petite, frêle, mais déterminée, elle accepte de partir avec lui sans connaître les détails de l’itinéraire. Leur première rencontre, bien que pleine de maladresse, marque le début d'un voyage où chacun tente d'échapper à ses propres tourments. Joanne, mystérieuse et réservée, semble cacher autant de blessures qu'Émile, ce qui les rapproche sans qu'ils n'aient besoin de s'exprimer verbalement.
Émile lutte contre sa mémoire qui s'efface, mais refuse de se laisser abattre. La perspective de la mort imminente ne le décourage pas, au contraire, elle le pousse à savourer chaque instant avec une intensité décuplée. Cette détermination est mise à l’épreuve par la réalité de la maladie, mais également par le silence pesant de Joanne, qui semble tout aussi égarée que lui. Leurs dialogues sont rares, mais chaque échange révèle un peu plus leur désespoir commun.
Tout au long de leur périple, Émile revisite ses souvenirs et ses regrets. Il pense souvent à Laura, son amour perdu, et à ce qu'il a laissé derrière lui. Le voyage devient une quête de réconciliation avec son passé, mais aussi une tentative désespérée de créer de nouveaux souvenirs avant que sa mémoire ne le trahisse définitivement. Joanne, de son côté, reste une énigme, mais sa présence silencieuse devient essentielle pour Émile, qui voit en elle une dernière chance de partager une connexion humaine authentique.
Le voyage d’Émile et Joanne les conduit à travers des paysages magnifiques et sauvages, symboles de la liberté qu'ils recherchent. Les montagnes, les forêts et les rivières deviennent des personnages à part entière dans leur histoire, offrant à la fois des défis et des moments de répit. Chaque étape du voyage est marquée par une introspection profonde, où le calme de la nature contraste avec le tumulte intérieur des deux protagonistes.
Au fil du temps, une relation unique se tisse entre Émile et Joanne. Ce qui commence comme un simple partenariat de voyage se transforme en une complicité sincère et poignante. Leur amour naissant, bien qu'éphémère, apporte une lumière dans leurs vies obscurcies par la maladie et la douleur. La chronique Tout le bleu du ciel est une ode à l'amour, à la vie, et à la beauté des moments partagés, même lorsqu'ils sont teintés de tristesse et d'incertitude.
Le roman Tout le bleu du ciel de Mélissa Da Costa a suscité des réactions variées, mêlant des critiques positives et négatives, aussi bien de la part des lecteurs que des chroniqueurs littéraires.
Ainsi, si Tout le bleu du ciel a su toucher un large public avec son approche sensible et émotive, il a aussi suscité des critiques chez ceux qui attendaient une écriture plus nuancée et des rebondissements plus inattendus.
Le combat d’Émile contre l'Alzheimer précoce, tel que décrit dans Tout le bleu du ciel, est à la fois physique, émotionnel et existentiel.
Dès l'annonce de son diagnostic, Émile fait preuve d'une lucidité exceptionnelle. Contrairement à son entourage qui est dévasté par la nouvelle, il accepte sa condition avec un calme apparent. Son Alzheimer précoce, qui doit le tuer en deux ans maximum, est vu par Émile comme une échéance définie, presque un soulagement puisqu'il échappe à l'idée d’une longue vie de souffrance et de sénilité. Ce pragmatisme dans l’acceptation de sa mort imminente montre une grande maturité, mais cache aussi un désespoir intérieur. Son combat commence par une forme de résignation et de gestion de la maladie, plutôt que de tentatives acharnées de la combattre.
Au lieu de se soumettre aux essais cliniques, Émile choisit d’entreprendre un voyage, une échappatoire aux traitements et à la détérioration inévitable de sa mémoire. Ce voyage symbolise un acte de résistance face à la maladie. Plutôt que d’attendre la fin dans un hôpital ou chez lui, il décide de vivre intensément ses dernières années, en partant dans les montagnes, au cœur de la nature, loin de tout. Ce voyage incarne la volonté d’Émile de contrôler sa vie et sa mort, en dépit de l’Alzheimer qui menace de lui retirer son identité et son autonomie.
Émile combat la pitié et la tristesse de son entourage. Il refuse d'en parler avec ses proches, sachant qu'ils tenteraient de l'empêcher de partir. Il veut éviter de devenir un fardeau pour ses parents, sa sœur et ses amis. Ce déni de l'importance émotionnelle de son état est une forme de défense : il se ferme aux autres pour éviter la douleur supplémentaire de les voir souffrir à cause de lui. Il adopte un ton cynique, utilise l’humour et l’ironie pour maintenir une distance avec ses proches et même avec sa propre maladie. C’est un moyen pour lui de ne pas sombrer dans l’apitoiement et de rester maître de ses émotions.
Émile redoute fortement de perdre son identité à cause de l'Alzheimer, à mesure que sa mémoire s'effrite. Cette peur de l'oubli, de ne plus se reconnaître ou de ne plus être en mesure de se souvenir des personnes qu’il aime, le hante. Il tente de l’affronter avec humour en minimisant l’impact de la maladie, mais cette angoisse demeure présente. Il exprime cette crainte dans ses réflexions sur son avenir incertain, sans toutefois la partager avec ceux qui l’entourent. Ce sentiment d’isolement amplifie la solitude de son combat.
Tout au long du roman, Émile se lance dans une introspection profonde. Sa décision de partir seul, ou presque, est une quête de sens avant la perte inévitable de ses facultés mentales. Son périple est une manière d’explorer sa propre condition humaine face à la mort. En même temps, il lutte pour garder sa liberté. Émile refuse d’être réduit à son état de malade et cherche à vivre pleinement malgré la maladie. Chaque pas vers l’inconnu représente une forme de résistance à l’idée de l’enfermement mental que lui promet l’Alzheimer.
Au début, Émile est lucide mais résigné, considérant son Alzheimer comme une fatalité. Cependant, au fur et à mesure de son voyage, son combat évolue vers une plus grande acceptation de la nécessité de partager ses émotions et de créer des liens humains malgré tout. Sa rencontre avec Joanne, qui devient sa compagne de voyage, incarne cette ouverture progressive. Il ne combat plus seul la maladie, mais trouve un soutien dans la relation qu'il développe avec elle, même si cette évolution est lente et complexe. Cette ouverture marque une victoire intime sur son isolement émotionnel initial.
Le voyage d’Émile n’est pas seulement physique, il est aussi spirituel et introspectif. À travers ses souvenirs de Laura, ses réflexions sur sa famille et ses liens d’amitié, il réalise l'importance des petites choses et des relations humaines qu’il considérait auparavant comme allant de soi. Cette redécouverte des plaisirs simples et de l'amour des autres, même si elle reste teintée de tristesse, marque un tournant dans sa vision de la vie.
La bataille d’Émile contre l’Alzheimer se déroule sur plusieurs fronts. Il s'agit d'une lutte pour conserver sa dignité, sa liberté et son identité face à une maladie qui lui promet de tout lui retirer. En choisissant le voyage et en s'entourant progressivement de personnes comme Joanne, Émile tente de se réapproprier sa vie avant que la maladie ne prenne le dessus. Il ne peut empêcher la progression de l’Alzheimer, mais il choisit la manière dont il va vivre ses derniers moments, en assumant une forme de rébellion contre la maladie et le destin tragique qui lui est imposé.
Dans le roman Tout le bleu du ciel, Joanne occupe un rôle central dans l'intrigue, évoluant au fil de son interaction avec Émile, le personnage principal. Au début, elle apparaît comme une femme discrète, réservée et parfois en retrait, notamment marquée par son passé difficile. Son attitude initiale est souvent silencieuse, portant en elle un lourd fardeau émotionnel, comme le souligne son choix vestimentaire prédominant, où elle s'habille principalement en noir, symbolisant ses blessures et ses traumatismes non résolus.
Cependant, sa rencontre avec Émile marque le début d'un changement. Émile, qui lui-même souffre d'une maladie grave et est en quête de sens et de rédemption, devient progressivement un catalyseur pour la transformation de Joanne. Leur relation, bien que complexe, permet à Joanne de se dévoiler, de s'ouvrir aux autres et de sortir de sa coquille. Elle passe de cette "Joanne en noir", taciturne et fermée, à une "Joanne en blanc", symbolisant une forme de renaissance et d'acceptation.
Émile, à travers ses propres vulnérabilités, pousse Joanne à confronter ses propres peurs et à se réconcilier avec son passé. Le voyage qu'ils entreprennent ensemble n'est pas seulement physique, mais aussi émotionnel, permettant à Joanne de trouver un nouvel équilibre entre ses souffrances passées et la possibilité d'un avenir plus lumineux. Ses interactions avec Émile, même si elles sont parfois maladroites, l'aident à accepter l'amour et à renouer avec la tendresse, notamment dans les moments où il la fait rire ou où elle se permet d'être vulnérable.
En fin de compte, Joanne évolue de manière significative tout au long de l'intrigue, passant d'une femme marquée par le deuil et la douleur à une personne plus sereine, grâce à son lien avec Émile. Leur relation est à la fois un défi et une opportunité pour elle de se reconstruire et de se redécouvrir.
Les interactions entre Émile et Joanne jouent un rôle fondamental dans l'évolution de l'intrigue du roman, notamment en tant que catalyseur de la transformation de chacun des personnages et dans la dynamique narrative.
Au début de l'histoire, Émile est un homme résigné face à sa maladie, décidé à fuir son entourage pour ne pas les laisser le voir se dégrader. Ses échanges avec Joanne le sortent de cette apathie. Joanne, par son calme, sa patience et son regard perspicace, pousse Émile à se confronter à ses peurs et à verbaliser ses inquiétudes profondes, comme lorsqu’il explique qu'il ne veut pas être perçu comme un vieillard sénile par ses proches. Grâce à ces interactions, il commence à s’ouvrir, à réfléchir à ses désirs (comme son envie de voyager), et à envisager une nouvelle perspective sur la vie qui lui reste à vivre.
Pour Joanne, qui est initialement mystérieuse et distante, ses échanges avec Émile lui permettent de renouer avec certaines émotions qu'elle avait refoulées. Par exemple, dans plusieurs moments d'introspection, elle se dévoile progressivement à Émile, partageant des aspects de son passé familial ou de sa personnalité, notamment sa relation avec son père ou ses anciennes responsabilités. Ce processus de révélation est crucial pour Joanne, qui se découvre également à travers les questions et remarques d’Émile. Cette évolution leur permet de construire un lien plus intime et sincère.
Ces interactions nourrissent l'intrigue en renforçant l'impression d'un voyage non seulement physique, mais aussi émotionnel et existentiel. Leur dynamique pousse chacun à une remise en question, tout en dévoilant peu à peu leur vulnérabilité. Leurs conversations sur le sens de la vie et leurs aspirations enrichissent la trame narrative en créant une tension entre le désir d'Émile de fuir son destin et la réticence de Joanne à affronter certains aspects de son passé.
Voici quelques citations marquantes extraites de l'œuvre "Tout le bleu du ciel" :
Jeune homme de 26 ans, condamné par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. Recherche compagnon(ne) d’aventure pour partager avec moi ce dernier périple.
Émile se frotte le menton. C’est un tic qu’il a depuis gamin, dès qu’il est songeur ou indécis. Il n’est pas certain de son annonce. Il la trouve froide, désincarnée, un peu dingue aussi. Il l’a écrite d’une traite, sans réfléchir. Il est une heure du matin. Il n’a pas dormi depuis une semaine, ou presque pas. Ça n’aide pas pour écrire.
Ici, Émile réfléchit à la manière dont il a rédigé son annonce de recherche de compagnon de voyage, exprimant des doutes sur son ton et son contenu.
Depuis qu’on lui a annoncé le verdict médical, il voit sa mère pleurer et son père serrer les mâchoires. [...] Il a pris la nouvelle avec une lucidité totale. Une forme d’Alzheimer précoce, lui a-t-on dit. Une maladie neurodégénérative entraînant une perte progressive et irréversible de la mémoire. [...] Le tronc cérébral responsable des fonctions vitales : battements du cœur, tension artérielle, respiration… Ça, c’est la bonne nouvelle. La mort le rattrapera rapidement. Dans deux ans au plus tard. C’est parfait. Il n’a pas envie de devenir un poids [...] Deux ans, c’est bien. Il peut encore en profiter un peu.
Émile aborde sa maladie avec une lucidité frappante, envisageant sa fin comme une libération plutôt qu'une condamnation.
Ça n’est pas plus mal, finalement, que Laura soit partie, un an plus tôt. Ça aurait beaucoup compliqué les choses. Il se le répète depuis une semaine, depuis le verdict. Laura est partie, il n’a plus de nouvelles depuis un an. Pas un coup de fil. [...] Il peut partir. Il peut entamer ce dernier voyage sereinement.
Ici, il se persuade que le départ de Laura simplifie sa situation actuelle, lui permettant de partir sans attaches.
Il n’en a pas parlé. À personne. Il sait qu’on l’en empêcherait. Ses parents et sa sœur se sont empressés de l’inscrire à l’essai clinique. [...] Aucun intérêt pour lui. Passer ses dernières années dans une chambre d’hôpital à faire l’objet d’études médicales. Pourtant, ses parents et sa sœur ont insisté. Ils refusent d’accepter sa mort. [...] C’est déjà tout vu : il partira.
Émile envisage le voyage comme un acte de liberté, préférant vivre ses derniers moments en pleine nature plutôt que dans un hôpital.
Tu vas sacrément me manquer, vieux.
Je m’appelle Joanne, j’ai 29 ans. Je suis végétarienne, pas très à cheval sur le ménage et le confort. Je mesure 1m57 à peine, mais je suis capable de porter un sac à dos de 20 kilos sur plusieurs kilomètres.
« Salut », dit-il, la gorge un peu nouée. [...]
« Salut. » [...]
« Eh bien c’est moi. Je suis… Je suis Émile. »
Elle hoche la tête, esquisse un semblant de fragment de sourire.
— Moi Joanne.
— Tu… Tu es là depuis longtemps ?
— Deux heures.
— Oh ! Je ne savais pas… Je suis désolé !
— Ce n’est rien. On m’a déposée plus tôt que prévu.
Il ne savait pas que ça pouvait être aussi doux et aussi précieux de changer une ampoule, de voir sa sœur sourire, de regarder « Question pour 1 000 euros » à côté de son père, de sentir sa mère s’activer autour de ses orchidées.
Il faut qu’il parte. Et vite. Pendant que tout est presque intact.
Ces extraits illustrent la profondeur émotionnelle du récit, l'urgence ressentie par Émile, et la connexion étrange et inattendue entre lui et Joanne.
La maladie et la mort : Le thème principal est la maladie incurable d'Émile, l'Alzheimer précoce, et son impact sur sa perception de la vie et des relations. La maladie l'oblige à revoir ses priorités, à affronter la mort imminente et à décider comment vivre ses dernières années. Le récit explore comment cette maladie influence ses relations avec sa famille et ses amis, et les dilemmes existentiels qu'elle soulève.
La liberté et l'aventure : Face à la condamnation de sa maladie, Émile choisit de partir pour un ultime voyage, en camping-car. Il recherche la liberté, un désir de rompre avec les contraintes imposées par sa maladie et l'enfermement émotionnel de ses proches. Ce voyage représente à la fois une échappatoire mais aussi une quête de sens et de connexion humaine authentique.
Les relations humaines : L'œuvre examine les relations compliquées d'Émile avec sa famille, notamment ses parents et sa sœur, ainsi qu'avec son ami d'enfance Renaud. On voit leur douleur, leur espoir parfois irrationnel, et les liens d'amour qui les unissent à lui malgré l'inéluctable progression de sa maladie. La relation avec Joanne, représente également un besoin de partager une aventure humaine, sans attaches préétablies, dans un contexte où chacun fuit quelque chose.
La solitude et le courage : Émile fait face à sa solitude de manière très introspective. Malgré la présence de sa famille et de ses amis, il se sent profondément seul dans sa situation. Son choix de publier une annonce pour un compagnon de voyage souligne à la fois son désir de ne pas se retrouver seul face à la mort et son besoin de partager une expérience humaine. Le courage dont il fait preuve pour affronter sa maladie et ses choix de vie est également un sujet central.
L'acceptation et le dépassement de soi : Le roman aborde le processus d'acceptation de sa condition par Émile, et son désir de vivre intensément ce qui lui reste à vivre, sans compromis. Il refuse de devenir un poids pour ses proches et préfère se lancer dans une aventure audacieuse pour se sentir vivant. L'idée de vivre "soixante années en une", comme il le dit lui-même, représente ce besoin de dépassement de soi face à la fatalité.
Finalement, le récit présente une alternance entre l'introspection, les interactions avec les proches et l'avancée progressive vers le voyage final. Le style combine des descriptions intimes, de l'humour noir et une profondeur émotionnelle qui rendent le récit émouvant. L'association de mélancolie et de détermination est savamment élaborée pour renforcer les sujets principaux du texte.